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La guerre civile au Liban

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Vue générale

Les guerres successives et imbriquées qui ravagent le Liban et frappent ses populations entre 1975 et 1990 préfigurent à de nombreux égards les conflits civils qui vont éclater dans les décennies suivantes aux marges d'anciens empires européens. Dans les États nouvellement formés sur ces empires démantelés, l'identité nationale est objet de contestations entre communautés locales religieuses, confessionnelles ou ethnolinguistiques autant que de stratégies d'instrumentalisation de la part de nouvelles élites en compétition. Plus spécifiquement, au Proche-Orient arabe, la fragilité du lien entre société et territoire, héritage d'anciennes pratiques nomades, explique la fluidité des frontières identitaires et suscite des revendications concurrentes voire des tensions dans les zones de contact. Au Liban même, les populations ont connu dans la seconde moitié du XIXe siècle d'importantes migrations économiques (en raison de la surpopulation des régions maronites et de graves sécheresses) et politiques (en réaction à la condition minoritaire et à la répression des mouvements nationalistes dans l'Empire ottoman). Quelques décennies à peine après la formation de l'État (1920) et 30 ans après son indépendance (1943), l'appartenance nationale reste concurrencée par les solidarités claniques, les identités confessionnelles et les intérêts régionaux. Un pouvoir faible, partagé entre chefs de communauté, n'est pas parvenu à asseoir la souveraineté de l'État. La société, segmentée par ses appartenances primordiales et soumise aux chefs des grandes familles qui s'érigent en entrepreneurs d'identité, ne peut promouvoir ses intérêts communs ni nouer des liens de solidarité horizontaux. Plutôt qu'un système d'équilibre garantissant la paix, le partage communautaire est vécu comme un jeu à somme nulle.

Lorsque des désaccords majeurs divisent la classe politique dans les années 1970, sur l'orientation de l'économie nationale et sur l'engagement aux côtés des Palestiniens dans la lutte contre Israël, l'État n'est plus le lieu d'exercice du pouvoir et devient une arène de conflits. L'armée et la police n'assurent plus l'ordre public et la sécurité, elles sont fragmentées et cooptées par des factions rivales, bientôt associées à des organisations paralégales. En miroir, la distinction entre hommes en armes et civils s'efface : près d'un Libanais de sexe masculin sur 30 est engagé dans une milice à un moment ou un autre de la guerre civile. La violence frappe les populations désarmées : les combats font plusieurs dizaines de milliers de victimes collatérales. Mais la violence cible aussi les civils intentionnellement, dans une volonté de vengeance inspirée de la justice tribale (Jamous, 2004), dans une stratégie de terreur et de dissuasion de l'adversaire (Gilsenan, 1996) dans un processus d'instrumentalisation de la construction identitaire (Picard, 1994b), si bien que la guerre du Liban fait dix fois plus de victimes civiles que de victimes militaires.

La guerre civile libanaise de 1975-1990 s'inscrit dans une généalogie traumatique : en 1841-1842, puis à nouveau en 1860, le Mont Liban ottoman a été le théâtre de massacres de près de 11 000 chrétiens par les druzes (Fawaz, 1994 : 226). L'autonomie du district (sanjaq) imposée aux Ottomans par les puissances occidentales avec le Règlement organique de 1860, puis la Rrépublique instaurée par la France mandataire de la Société des nations (SDN) en 1926 ont organisé le partage du pouvoir selon des quotas attribués à chaque groupe confessionnel. Ces conventions internationales ont et dicté le déni consensuel des désaccords et des violences passées. En 1943, la mémoire officielle du Liban devenu indépendant met en exergue le « pacte national » conclu alors entre dirigeants maronites et sunnites afin de neutraliser les attachements occidentaux des premiers et les aspirations panarabes des seconds. La « Suisse du Proche-Orient » bénéficie d'une rapide croissance économique dans les années 1950 et 1960. Elle se distingue de son environnement régional par son libéralisme politique et économique, et s'affiche comme un modèle de « démocratie de consensus ». Un discours unanimiste refoule dans les consciences privées les souvenirs des violences communautaires de 1841 et 1860. Fantasmés, déshistoricisés, ces souvenirs offriront des cadres d'interprétation dissonants à la guerre civile de 1975-1990 (de Clerck, 2010).


Massacres de civils en Tchétchénie

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Introduction

En septembre 1999, les forces armées russes lancent une opération militaire en Tchétchénie, dont l'objectif officiel est de lutter contre le terrorisme islamiste. Jamais totalement intégrée à la Fédération de Russie depuis 1991, la Tchétchénie avait déjà été le théâtre d'un premier conflit entre décembre 1994 et août 1996. Après une campagne de bombardements massifs sur la capitale Grozny et le sud du pays, les troupes russes pénètrent sur le territoire tchétchène et atteignent les faubourgs de Grozny en décembre 1999. Leur entrée dans la ville s'accompagne de violences de masse contre les civils, et dès janvier 2000, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe « condamne, comme totalement inacceptable, la conduite actuelle d'opérations militaires en Tchétchénie, avec ses conséquences tragiques pour de nombreux civils de cette république ». Elle estime que « ce recours inconsidéré et disproportionné à la force viole de manière très grave les droits fondamentaux de civils tchétchènes non belligérants et innocents, notamment leur droit à la vie, à la liberté et à la sécurité » (APCE, 27/01/2000). Suite à une mission d'enquête menée en Tchétchénie en février 2000, la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) recensait ainsi ces violations : « destructions de villes et villages non justifiées par les exigences militaires ; attaques et bombardements de villes et de villages non défendus ; exécutions sommaires et assassinats ; tortures et mauvais traitements ; atteintes graves et intentionnelles à l'intégrité physique et à la santé de personnes ne participant pas directement aux hostilités ; attaques délibérées contre la population civile et contre les moyens de transport et personnel sanitaire ; arrestations et détentions arbitraires de civils ; pillages des biens privés ». La FIDH conclut que ces violations « constituent des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, en raison de leur caractère massif, généralisé et systématique, conformément aux définitions retenues par le droit international coutumier ainsi que par différents instruments internationaux » (FIDH, février 2000 : 49). La logique des violences change dès le mois de mars 2000. Alors que les troupes russes occupent la quasi-totalité du territoire, les opérations policières de quadrillage du territoire se traduisent par des arrestations arbitraires, des tortures et des disparitions. Beaucoup plus étalés dans le temps, ces crimes présentent un caractère répété et systématique qui conduit l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe et le Parlement européen à les qualifier de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité (APCE, 2/04/2003 ; Parlement européen, 3/07/2003). La période qui va de décembre 1999 à février 2000 apparait apparaît donc comme un moment particulier des violences commises en Tchétchénie ; elle correspond à l'entrée des troupes russes sur le territoire et aux premiers contacts avec les civils qui n'avaient pas pu fuir les combats. Elle permet d'appréhender concrètement le déploiement du dispositif russe (troupes mixtes relevant de différents ministères et enrôlant des appelés et des soldats engagés sur contrats aux côtés des militaires de carrière), mais aussi les discours politiques ciblant l'ensemble de la population tchétchène, alors que « dans un double glissement, le discours officiel russe assimile toute la population tchétchène à des combattants, et tous les combattants à des terroristes » (Le Huérou et Regamey, 2008 : 115). C'est à cette période que nous consacrons cette étude de cas, et plus particulièrement aux massacres commis autour de Grozny (village d'Alkhan-Iourt) et dans la ville même (quartiers Staropromyslovski et Novye Aldy). Alors que les troupes russes sont entrées dans le nord de la république sans rencontrer de véritable résistance, c'est dans la capitale où vit la majorité de la population, les villages alentours et le sud du pays que sont menées la plupart des opérations armées. Les massacres d'Alkhan-Iourt, Staropromyslovski et Novye Aldy ont été les plus documentés. En effet, les conditions de connaissance du conflit sont déterminées par le fait qu'il s'agit non seulement d'un conflit récent mais d'une guerre qui s'est déroulée largement à huis clos. L'essentiel de nos sources relèvent donc de deux origines : d'une part, du travail sur le terrain, pendant les événements, des ONG de droits de l'Homme russes (Memorial, Société d'amitié russo-tchétchène) et internationales (Amnesty International, FIDH, Human Rights Watch) ainsi que d'articles de presse et de matériaux audiovisuels ; d'autre part, des nombreux jugements de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) sur le conflit qui constituent aujourd'hui un outil précieux pour établir précisément les faits et responsabilités.

La famine kazakhe : à l'origine de la sédentarisation

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I. Le contexte

La famine qui frappe la république socialiste soviétique autonome (RSSA) du Kazakhstan entre 1930 et 1932 prend place dans l'histoire de la collectivisation en URSS, et plus spécifiquement dans celle de la sédentarisation des Kazakhs engagée localement à la même période. Cette famine compte parmi les plus meurtrières d'URSS. Elle entraîne la disparition d'environ un tiers de la population kazakhe, provoque l'émigration de plusieurs centaines de milliers d'entre eux et affecte irrémédiablement le mode de vie nomade qui caractérisait les habitants des steppes. Au recensement soviétique de 1926, la population de la RSSA du Kazakhstan était de 6,2 millions d'habitants dont environ quatre millions de Kazakhs, le reste étant composé de populations européennes d'implantation coloniale et de minorités autochtones (russe, ukrainienne, polonaise, etc.). Soixante-dix pourcent de la population kazakhe pratiquait l'élevage pastoral nomade et exploitait ainsi de manière extensive les milieux arides, semi-arides et steppiques de cet immense territoire, tandis que l'activité paysanne des autres nationalités était localisée sur les terres arables les plus riches, au nord et au sud-est (région d'Alma-Ata) de la république. L'accélération de l'effort d'industrialisation, que signe le lancement du premier plan quinquennal en avril 1929 lors de la 15e conférence du parti communiste (PC) d'URSS est suivi quelques mois plus tard de la collectivisation des campagnes et de son corollaire répressif, la dékoulakisation. Dans ce dispositif, la RSSA du Kazakhstan occupe une place spécifique pour deux raisons : 1) ses terres céréalières situées dans les régions septentrionales frontalières de la Russie doivent être prioritairement collectivisées ; 2) région « inhospitalière » et très peu densément peuplée, elle constitue une « zone de déplacement spécial », pour les « dékoulakisés », au même titre que l'Oural et la Sibérie. Au plan local, la fin des années 1920 et le lancement de la collectivisation correspondent à la mise en œuvre d'une politique de sédentarisation volontariste qui consiste à inciter les populations nomades les plus fragilisées à s'installer dans des kolkhozes situés sur le pourtour de la zone steppique considérée comme impropre à toute production. Ces nouvelles fermes collectives devaient théoriquement mettre en œuvre une économie agropastorale combinant élevage et cultures. Ce projet, très partiellement mené à bien, constitue le volet central d'un ensemble de mesures de contrôle et de répression de la société nomade kazakhe, telle que la campagne d'élimination des élites nationales dans les appareils politiques ou celle de confiscation des biens des bay (propriétaires de bétail) et de leur déportation qui vise les figures charismatiques de la société rurale. Cette politique devait permettre au pouvoir central de reprendre en main de la RSSA du Kazakhstan qui n'était pas, selon lui, suffisamment soviétisée en 1925 et demeurait sous l'influence de logiques clientélistes et claniques. C'est donc dans un climat politique très tendu que s'organisent les collectes obligatoires de denrées agricoles (céréales et bétail) qui caractérisent la collectivisation des campagnes soviétiques. En 1929, ces mesures prennent le pas sur les mesures de sédentarisation initiées en 1927-1928 qui passent alors au second plan. Les éleveurs nomades kazakhs qui possèdent un cheptel total d'environ 40,5 millions de têtes de bétail sont massivement ponctionnés entre 1929 et 1932 (voir le graphique en annexe) à des fins d'approvisionnement des villes. Parallèlement, les collectes de blé représentent, pour la même période, environ un tiers de la production céréalière de la république, avec un pic en 1930 (un million de tonnes réquisitionné). La combinaison des collectes obligatoires de bétail et de blé constitue ainsi le facteur majeur d'apparition de la famine.

The Katyń Massacres of 1940

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The Katyń Massacres were at least four series of massacres carried out by the Soviet “People's Commissariat for Internal Affairs” (NKVD), or security police, on Polish prisoners of war and political prisoners over the course of April and May 1940. Until 1990, when the Soviet Union admitted that its officials had been responsible for the death of 21,857 Poles, one generally spoke of the “Katyń Massacre,” after the Katyń Forest site (present-day Russia) where, in 1943, the German army discovered mass graves containing a total of 4,123 corpses (4,243 according to Polish figures). Following the 1990 revelation, other sites were exhumed at Kharkiv (present-day Ukraine) and Mednoye (present-day Russia). In September 2007, evidence of a mass grave of Polish officers was identified at Bykivnia (present-day Ukraine), and there may exist yet undiscovered burial sites for the victims of massacres by the NKVD pursuant to the March 5 and March 22, 1940 orders of NKVD chief Lavrentii Beria.

A. Context

For Poland, the years 1918-1920 and the treaties of Versailles, Saint-Germain, and Trianon brought not only the end of the Great War, but also the rebirth of the Polish State. The partitions of 1772, 1793, and 1795 had allowed the Russian, Prussian, and Austrian empires to divide up and dismantle the Kingdom of Poland, and from 1795 to 1918 Poles were subjects of foreign empires.

The newly independent Polish State included eastern borderlands (Kresy Wschodnie) that combined territories reclaimed from the old Austro-Hungarian and Russian empires. Describing these territories in objective terms is practicably impossible : as Jan Gross has written, “The complications of historical geography in the area might seriously challenge even an accomplished toponymist, particularly since names frequently carried for the local inhabitants an avowal of identity or, worse, a denial of someone else's claims” (1988 : 4). The Polish borderlands included portions of present-day Ukraine, Belorussia, and Lithuania ; the voivodeships of Wołyń, Podole, and Polesie ; and the territory known as Eastern Galicia, the southeastern portion of the Kingdom of Poland annexed by Austria in 1772, heavily populated by Ukrainians and Jews, with its largest city at Lwów (in Ukrainian, Lviv ; in German, Lemberg).

Even after the re-establishment of Poland in 1918, the status of these territories under international law remained uncertain, given the transformation of the Russian Empire into the Soviet Union and the persistence of armed conflict within and on its borders. The battles of the Polish-Soviet War of 1920-21 were fought first in the borderlands as the Red Army advanced toward Warsaw. There, the Poles won a resounding victory, and the March 1921 Treaty of Riga included recognition of Polish sovereignty over the borderlands. It is essential to recall also the disputed Curzon Line : rejected by the Soviet Union as a solution to the Polish-Soviet War but later resurrected by Stalin at the Tehran and Yalta Conferences as a basis for his proposed post-World War II boundary settlement, the Curzon Line embodies the complexity of the boundary issues and their amenability to political instrumentalization.

Poland's eastern borderlands were ethnically, linguistically, and religiously diverse. Only about one-third of the inhabitants were Poles ; one-third were Ukrainian, and another third reflected a mixture of Jews, Belorussians, and self-proclaimed “locals” (tutejsi) declaring to be none of the above. Linguistic and religious divides cut along ethnic lines : Poles were Roman Catholic ; Ukrainians were Greek Catholic, except for families that had converted to the Russian Orthodox faith before 1918, under Russian imperial rule ; and Belorussians were Orthodox. Furthermore, 81% of the total inhabitants of this territory lived in rural areas, though Poles predominated in the cities.

Throughout its eastern borderlands, Poles undertook a campaign of “Polonization” that ranged from exclusive Polish-language usage in schools to wholesale pacification of non-Polish communities. The State directed the latter particularly against Ukrainians in Eastern Galicia, a region that exemplified the “national minorities problem” devastating Central and Eastern Europe in the interwar period (e.g. Bartov, 2007). The borderlands remained economically underdeveloped, and extensive State campaigns to populate them with ethnic Poles ultimately failed. Polish census data for 1931 is instructive, especially with respect to the varied distribution of mother tongues spoken within single voivodeships : in the Polesie voivodeship, 63% local dialects (tutejsi), 14% Polish, 10% Yiddish ; in the Tarnopol voivodeship, 49% Polish, 46% Ukrainian, 5% Yiddish ; in the Wołyń voivodeship, 68% Ukrainian, 17% Polish, 10% Yiddish. Anti-Semitism and ethnic resentment ran rampant in a territory in which perceptions of ethnicity and class were deeply intertwined.

As Jan T. Gross has observed, this was “Poland B,” “the backward half of a backward European country” (1988 : 4). On the eve of World War II, Soviet strategy took full advantage of this backwardness. Nine days before the German invasion of Poland on September 1, 1939, German foreign minister Joachim von Ribbentrop and Soviet foreign minister Vyacheslav Molotov signed the now-infamous Molotov-Ribbentrop Pact. In a clause that remained secret from all but the signatories, the Third Reich and the Soviet Union agreed to partition Poland. Germany recognized Soviet rights to invade and occupy approximately 200,000 square kilometers of interwar Poland, roughly equivalent to the country's eight eastern and southern voivodeships (the new German-Soviet border was finalized in a September 28 annex signed by Ribbentrop and Stalin). This territory included over 13 million inhabitants (cf. Gross, 1988 : 3-8).

When the Red Army arrived in Poland's borderlands on September 17, 1939, its propaganda drew significant inspiration from facts on the ground : the propaganda therefore went beyond simple class ideology. Poles became “bourgeois Polish lords,” a collective enemy defined both in ethno-national and class terms, a hybrid object of hatred of bourgeoisie and aristocracy alike. Both the Red Army and NKVD approached Poles systematically as such. The Red Army's declared purpose was to “liberate their Slavic brethren from the yoke of the Poles.” This purpose was evident in the very names adopted by the USSR for the borderlands – “Western Ukraine and Western Belorussia” – which the Soviet Union immediately incorporated into, respectively, the Ukrainian and Belorussian Soviet Socialist Republics. According to the NKVD's classification scheme, the main agents keeping the “yoke of the Poles” in place were members of the Polish armed and civil services, so these groups were the first to be processed by the NKVD.

It is essential to emphasize the centrality of arrests and deportations to the Soviet strategy of conquest. On its entry into Poland, the Red Army found between 200,000 and 240,000 Polish soldiers. The Poles had received orders not to engage their Soviet counterparts in combat, yet all Poles in uniform were taken into custody as POWs ; this was true not only of the army but also of police, prison officials, and border patrol, as well as many civil servants. Together with the mass arrests of “political” prisoners, this policy of immediate imprisonment and processing marked the beginning of attempts to terrorize and atomize the population.

By Soviet Internal Affairs commissar Lavrentii Beria's order 0308 of September 19, 1939, the NKVD created a special group to govern the fate of prisoners of war. Beginning in October, army infantrymen were progressively released, yet at least 37,000 were retained for forced labor, and an unknown number were deported into the GULAG labor camp system (Paczkowski, 1997 : 429). Beria designed an internment-camp system for 8376 army officers – separated into two camps, at Kozelsk and Starobelsk – and 6192 police (and other non-military personnel) kept at Ostashkov. By this time, also, the NKVD had sent some 11,000 political detainees – both civilians and soldiers – to prisons around Western Ukraine and Western Belorussia.

Deportations functioned in tandem with arrests. Numerous scholars have described the overall deportation scheme, and vigorous debates exist over precise figures, frequently hinging on how a given author treats figures listed in official NKVD reports (Jolluck, 2002 : 9-11). For example, estimates for the total number of deportees between February 1940 and June 1941 vary from 319,000 to 980,000. Nonetheless, there is general agreement on the profile of deportees, falling into four groups roughly corresponding to four stages of deportation :

  1. in February 1940, military colonists – privates and non-commissioned officers rewarded for their service in the Great War or the Polish-Soviet War with land in the eastern borderlands – and their families ;
  2. in April 1940, families of political prisoners and POWs, as well as families with relatives abroad or in hiding ; also tradespeople, small farmers, and prostitutes ;
  3. in June 1940, residents of the occupied territory who had requested to be part of a refugee transfer to Germany but had been rejected ;
  4. in May and June 1941, members of the above categories who had escaped earlier deportation (Jolluck, 2002 : 14-16).

The NKVD quickly routinized its profiling of residents of the Soviet-occupied territories, its nighttime roundup of individuals and families to be deported, and the rail transport that was to take the deportees to their new locations : Siberia, the Soviet Far East (e.g. Kolyma), the arctic regions of Soviet Russia (e.g. Archangelsk), and Central Asia (especially Kazakhstan). The brutality of this process must be underscored, however, alongside the fact that women and children bore the brunt of the trauma, especially in the second stage of the deportation (Jolluck, 2002 ; Grudzińska-Gross and Gross, 1981). NKVD documentation suggests that the deportations themselves were intended to escalate ideological combat against a Polish ethnic-class enemy to a policy of ethnic cleansing : the physical removal from the territory in question of the most “patriotic” and “bourgeois” – in the case of military colonists and small farmers, analogous to the Soviet kulak – as well as their families.

On June 22, 1941, the Third Reich violated the terms of the Molotov-Ribbentrop Pact and invaded Soviet territory. The deportations ceased, and, by the terms of the Sikorski-Maiskii Pact of July 1941 that signified Polish-Soviet rapprochement, Poles on Soviet territory were permitted to constitute an army under General Władysław Anders, albeit in the face of political harassment and desperate material conditions. The pact also granted official amnesty to all deportees and arrestees. In the summer of 1942, further negotiations enabled the Anders army to leave the Soviet Union and proceed into battle. The Soviet hold over Poland's eastern borderlands was, for the moment, broken.

Nonetheless, by the fall of 1943, the Red Army had begun to reconquer the territories. “Western Ukraine” and “Western Belorussia” remained within the Soviet Union. Poland itself – following a sequence of events in which the Katyń massacres played a seminal role – became, in July 1944, a socialist republic, part of the Soviet bloc of Central and Eastern Europe.

CORPSES AND DESTRUCTION: 12th, 13th, 14th september 2012 in Paris (EHESS)

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CORPSES AND DESTRUCTION: 12th, 13th, 14th september 2012

The 1st Annual & International Workshop of the Research Programme "Corpses of Mass Violence and Genocide" will take place at the Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales : 105 Boulevard Raspail, 75006 Paris-France

Information & Registration:

info corpsesofmassviolence.eu

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Conference Corpses and Destruction Paris sept 2012
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Projection_Table_ronde_LAS_MANOS_EN_LA_TIERRA

Shahid Hussein Suhrawardy

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Cet avocat et homme politique de Midnapore est issu d'une prestigieuse famille soufie d'origine irakienne. Il joua un rôle aussi important que controversé dans l'Histoire du Bangladesh. Les accusations de corruption portées contre lui et ses liens avec la pègre de Calcutta en firent un personnage démoniaque aux yeux de nombreux Bengalis hindous. Il fut néanmoins extrêmement populaire parmi les musulmans pauvres de sa province. Son rôle exact dans la Grande Tuerie de Calcutta (cf. étude de cas) est (...) - Who were they? / ,

Lord Louis Mountbatten de Birmanie

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Membre éminent de l'establishment britannique et cousin du Roi George VI, il est le dernier vice-roi des Indes Britanniques. Il fut l'un des plus importants commandants militaires de la Seconde Guerre mondiale, et fut souvent accusé d'avoir une large responsabilité dans les massacres qui suivent la Partition de 1947. Ses détracteurs lui reprochent d'avoir précipité le processus de passation transfert du pouvoir, sans envisager les inévitables violences provoquées par le démembrement du Pendjab. Il est néanmoins improbable, étant donné la situation politique et le désir du gouvernement britannique de sortir au plus vite du bourbier indien, qu'il eût pu agir autrement. Jusqu'à sa mort tragique (il est tué par une bombe de l'IRA sur son bateau au large de l'Irlande), il tente de minimiser le coût humain de sa politique en Inde afin de protéger sa réputation d'Homme d'Etat.

Mohamed Ali Jinnah

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Se lançant en politique avec le Congrès National Indien, cet avocat prend la tête de la Ligue Musulmane en 1935, orientant sa lutte vers le terrain constitutionnel. Son combat pour l'indépendance du Pakistan lui fit néanmoins prendre des initiatives à l'origine de flambées de violences. Ainsi son appel à une Journée d'Action Directe d'août 1946 mène-t-il à la Grande tuerie de Calcutta. Il est aussi directement impliqué dans la campagne de la Ligue Musulmane au Pendjab en 1947 qui lance les violences de la (...) - Who were they? / ,

Mohandas Karamchand Gandhi

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Le chef du mouvement pour l'indépendance indienne prêcha un credo non-violent à partir de la fondation de son premier satyagraha en Afrique du Sud en 1906. Il lance le satyagraha de Rowlatt en 1919, qui mène indirectement au massacre d'Amritsar. Il admet alors son « erreur himalayenne », ayant créé un mouvement sans s'être assuré de pouvoir le contrôler. Par la suite, la campagne de non-coopération de 1920-1922 et le mouvement de désobéissance civile de 1930-1934, tous deux non-violents, sont couronnés de succès. Son arrestation à la veille du « Mouvement Quit India » en août 1942 l'empêche d'y prendre part sur le terrain. Il est particulièrement déçu par les accusations britanniques rejetant sur lui la responsabilité des violences. Ses deux dernières années sont surtout occupées à prévenir des violences interreligieuses. Ses interventions à Calcutta en août 1947 puis à Delhi en septembre stoppent ainsi l'escalade des tueries. Sa mort tragique en janvier 1948 sous les balles d'un assassin témoigne de la difficulté du combat pour la non-violence.

Reginald Dyer

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Passé à la postérité sous le nom de « Boucher d'Amritsar », cet officier de l'armée Indienne (force coloniale des Indes britanniques) connut une carrière en dents de scie. Né en Inde dans une famille de boxwallahs (employés du secteur commercial, méprisés par les administrateurs et les militaires), il entre à l'Académie de Sandhurst où il échoue à intégrer la cavalerie, devant se contenter de l'infanterie. En 1919, il commande une brigade à Jullundur (Pendjab) et décide d'y proclamer la loi martiale. Fervent impérialiste, il ne semble pas avoir été raciste : il est en excellent termes avec ses soldats indiens, notamment les Sikhs. Ceux-ci le font d'ailleurs Sikh d'honneur (jusqu'à Amritsar, après quoi il ne put évidemment plus porter le titre). Il commence alors à se croire investi de la mission de protéger l'Empire britannique de la subversion. Le 13 avril 1919, il fait tirer délibérément sur la foule non-armée à Amritsar, apparemment sans en avoir de remords. Il devient un symbole de la cause impérialiste, et le journal conservateur Morning Post collecte 26 317 livres pour assurer sa défense. Face aux pressions exigeant sa démission, il tient bon jusqu'en jJuillet 1920, date à laquelle il démissionne « volontairement » et se retire en Angleterre où il meurt en 1927 après une attaque en 1822. Sa biographie par Collett (2005) est particulièrement exhaustive et excellente.

Rabah Fadlallah (1845-1900)

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Célèbre marchand d'esclaves né à Halfaya (Soudan) près de Khartoum, Rabah (son nom se transcrit aussi en Rabeh ou Rabîh, « le Gagneur ») fut probablement lui-même esclave dans sa jeunesse. Il commença sa carrière militaire dans l'armée du marchand d'esclaves soudanais Zubair Rahma Mansur al-Abbasi (qui se transcrit aussi en Zubayr, Zuber, Ziber ou Zobeir), participant en 1873à la conquête du Darfour menée par ce dernier. Quand Zubair est emprisonné au Caire, Rabah prend la tête des forces restantes. Regroupés en bannières, lui et ses hommes razzient et capturent des esclaves dans les espaces actuellement situés au sud du Tchad et au nord de la Centrafrique. L'impact démographique sur les régions traversées est énorme. Suivant l'exemple des Saras de la région tchadienne du Moyen Chari, les captifs deviennent souvent soldats de Rabah. Bien que non guidé par des motifs religieux, Rabah jure allégeance au Mahdisme en 1888. Prenant Bornu en 1893, il se proclame maï (roi) et fonde une nouvelle capitale au sud du Lac Tchad, Dikwa. Ambitionnant de conquérir l'Empire d'Ouaddai, il est stoppé par les Français qui finissent par vaincre ses partisans à Kousseri en 1900.

Sulami Joyoprawiro

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Née le 15 août 1926, elle dirige un temps le Gerwani (branche féminine du PKI). Elle fonde ensuite l'YPKP (Yayasan Penelitan Korban Pembunuhan 1965-1966), Fondation pour l'enquête sur les victimes des massacres de 1965-1966, avec le romancier et prisonnier politique Pramoedya Ananta Toer et Umar Said (exilé à Paris). Après la chute de Suharto en mai 1998, ses activités avec l'YPKP inclurent la publication de ses mémoires d'emprisonnement en 1999 (Femmes, Vérité et Prison) et plusieurs articles et conférences sur les massacres de 65-66. Sulami est par ailleurs liée à la décision controversée d'exhumer un charnier présumé de membres du PKI à Wonosobo dans le centre de Java.

Sukarno

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Premier Président de la République d'Indonésie, né à Biltar (est de Java), il fut un leader nationaliste clé contre les occupations japonaise et hollandaise. Son immense popularité en fit le symbole même de l'indépendance indonésienne. Orateur charismatique, il appela les Indonésiens à prendre leur place légitime dans le monde. Il proclame l'indépendance le 17 août 1945 avec Mohamed Hatta comme vice-président. Il suspend en 1959 la démocratie parlementaire au profit d'une « démocratie guidée », centrée autour du Président. Se rapprochant du PKI dans les années 1963-1965, il dénonce de plus en plus violemment l'impérialisme occidental. Après les évènements d'octobre 1965, il refuse d'interdire le PKI, ce qui fait de lui une cible facile pour les étudiants et militaires anti-communistes qui accusent les communistes du putsch raté. Le général Suharto arrache progressivement le pouvoir à Sukarno. La Lettre d'instructions du 11 ùars 1966 consacre la remise à contrecœur de pouvoirs spéciaux à Suharto pour « rétablir l'ordre ». Il est formellement remplacé à la présidence en 1967 et meurt le 21 juin 1970 en résidence surveillée.

Sjam Kamaruzaman bin Ahmad Mubaidah

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Né à Tuban dans l'est de Java vers 1924, il rejoint le PKI dans les années 1940. Son rôle exact reste mal connu : le Bureau spécial de 1964 qu'il dirige s'occupe de renseignement militaire et de recrutement pour les milices du Parti. Mais ne rendant compte qu'à Aïdit, le Bureau ne faisait officiellement pas partie du PKI. Le Bureau fut dénoncé par le nouveau régime comme une organisation clandestine, alors que l'intelligence-gathering était monnaie courante pour les partis indonésiens. D'après Roosa, (...) - Who were they? /

Pramoedya Ananta Toer

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Ecrivain et ancien prisonnier politique né à Blora (centre de Java) en 1925, Toer est l'auteur de nouvelles, romans, articles et pièces polémiques telles que Bintang Timur. Membre de la Lekra, il est emprisonné neuf mois sous Sukarno pour avoir critiqué la politique gouvernementale envers la diaspora chinoise. Pendant la répression de 1965, Pramoedya est pris pour cible en tant que chef de file littéraire de la gauche et est emprisonné puis exilé à Buru dans les Moluques pendant treize ans. Bien que relâché en 1979, il reste assigné à résidence jusqu'en 1992. Suharto interdit tous ses écrits qui sont republiés après la chute de ce dernier. Nominé plusieurs fois pour le Prix nobel de littérature, il meurt à Jakarta le 30 avril 2006.

Harry Tjan Silalahi

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Harry Tjan Silalahi est né le 11 février 1934. Allié proche de Suharto, il participe activement à l'Association des étudiants catholiques indonésiens (PMKRI) qu'il préside en 1961-1962. Encouragés par les militaires, lui et Subchan ZE du NU dirigent le Commandement d'action anti-mouvement du 30 septembre (KAP-Gestapu) , crée en 1965 pour organiser les activités anti-communistes à Jakarta. Il fut également Secrétaire général du Parti catholique qu'il représente au Parlement en 1967-1971, et membre fondateur (...) - Who were they? /

Bachruddin Jusuf Habibie

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Né en 1936 dans le sud des Célèbes, il remplace Suharto au moment de sa démission le 21 mai 1998, devenant le troisième Président d'Indonésie. Proche allié de Suharto et ingénieur aéronautique, Habibie est Ministre de la Recherche et de la Technologie pendant vingt ans sous le régime de l'Ordre nouveau. Auparavant, il avait vécu dix-huit ans en Allemagne avant d'être rappelé par Suharto en 1974. Nommé chef du ICMI (Association des intellectuel indonésiens musulmans) en 1990, il accède à la vice-présidence en 1997. Il organise les élections générales de 1999 et prend la décision controversée de convoquer un référendum sur le statut politique du Timor oriental sous l'égide de l'ONU. En octobre 1999, le Parlement rejette son rapport présidentiel, ce qui le décide à abandonner la présidence.

Suharto

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Né en 1921 près de Yogyakarta (Java), Suharto fut le deuxième Président de la République d'Indonésie. Il s'enrôla dans l'unité militaire pro-japonaise PETA puis dans le Corps de sécurité populaire (embryon de l'armée Indonésienne) après la défaite du Japon. En 1959, il commande la campagne de Papouasie occidentale avant d'être nommé à la tête du Commandement de la réserve stratégique de l'armée. En 1965, Suharto s'empresse de réprimer le Mouvement du 30 septembre avant d'entreprendre de réduire lentement mais sûrement l'influence de Sukarno jusqu'à pouvoir le faire placer en résidence surveillée. Il dirige l'Indonésie de sa prise réelle du pouvoir en 1966 jusqu'en 1998, promouvant le développement et l'ouverture économique et utilisant fréquemment l'armée contre tous types d'opposants (communistes, étudiants, criminels, séparatistes, religieux…). Forcé de se retirer en 1998, il meurt en 2008.

D.N. Aidit

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D. N. Aïdit nait à Medan au nord de Sumatra le 30 juin 1923. Sous l'occupation japonaise, il est membre du groupe de jeunesse Angkatan Baru, engagé dans l'éducation politique légale et dans l'action clandestine antijaponaise, puis rejoint le PKI en 1943. En septembre 1948, l'affaire de Madiun l'oblige à s'exiler en Chine et au Vietnam pour échapper à l'Armée républicaine d'Indonésie. De retour en 1950, il écarte Alimin et Tang Ling Djie pour prendre la tête du PKI avec d'autres jeunes leaders. Chef incontesté (...) - Who were they? /

Abdurrahman Wahid

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Né en 1940 à Jombang (est de Java), cet intellectuel islamique libéral fut un temps l'un des leaders du NU, fondé par son grand-père Hajj Hasyil Ashari. Réformiste, il fonde en 1999 le Parti du réveil national (PRN) à l'occasion des élections générales où il remporte 11 % des sièges. Soutenu par une coalition éphémère des partis musulmans, il est élu quatrième Président d'Indonésie en 1999. Une fois élu, il propose de lever l'interdiction du communisme en Indonésie et d'ouvrir une enquête judiciaire sur les massacres de 1965-1966. Après de violentes polémiques, l'interdiction fut maintenue et Wahid censuré par le Parlement puis remplacé par Megawati Sukarnoputri.
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